Découvrez le portrait d’Angélique Gérard, l’une des 40 Françaises les plus inspirantes

07/03/2023

7 Mar , 2023 read

Chez Novelis, la Journée internationale des droits de la femme est l'occasion de présenter notre exemplarité sur le sujet de la réussite de la femme dans l’entreprise. Nous sommes actuellement à un niveau de parité proche de 50%, ce qui n’est pas toujours commun dans le monde de la Tech où les femmes ont souvent du mal à se faire une place.

Dans la lignée des femmes qui nous inspirent au quotidien, nous souhaitons aujourd’hui vous partager les interviews de femmes entrepreneuses, CEO, qui nous partagent leurs parcours et recommandations pour les jeunes filles qui sont les femmes de la tech de demain.

Angélique Gérard

Angélique Gérard, diplômée de l’INSEAD, est Présidente Stem Academy et Conseillère Spéciale du Groupe ILIAD dont elle a été pendant 22 ans directrice de la relation abonné Free, et présidente de 8 filiales, membre du comité exécutif d’Iliad (holding), dont elle est dirigeante-fondatrice. Conférencière et business angel très impliquée dans le suivi des entrepreneurs qu’elle accompagne (Top 5 des femmes business angels françaises 2017, Les Échos et Forbes en 2018), elle rejoint le conseil de surveillance d’Europcar en 2015 puis celui de Babilou en 2017, premier groupe de crèches d’entreprises et de collectivités en France. De nombreuses fois récompensée pour ses initiatives (« palme de l’Expérience Client 2015 », Podium de la « Palme du Directeur Client 2015 », « prix Espoir du Leadership 2015 », « Femme du Numérique 2016 »), elle est remarquée par l’Institut Choiseul qui lui décerne la première place du palmarès « 100 leaders de l’économie française de moins de 40 ans » en 2015, succédant ainsi à Emmanuel MACRON à la tête du classement. En octobre 2017, elle est décorée de l’insigne de chevalier de l’ordre national du mérite. Angélique GÉRARD est l’auteure de « Pour la fin du sexisme- Le Féminisme à l’ère post #Metoo » et « L’expérience client, une histoire d’émotions » aux éditions Eyrolles. En 2020, Angélique GERARD est classée parmi les 40 Françaises les plus inspirantes.

Question 1 : Que vouliez-vous faire quand vous étiez enfant et que faites-vous aujourd’hui ? 

Ce n’est pas répandu, mais la petite fille introvertie et sage que j’étais voulait être militaire, faire l’armée de terre. Je souhaitais m’engager tôt, dès mes 16 ans, mais mes parents s’y sont opposés. Je m’accrochais malgré tout à mes rêves, mais ma vie a basculé à mes 18 ans, du fait des responsabilités que j’ai dû prendre brusquement, lorsque, suite à un drame familial, je suis devenue soutien de famille.  

J’ai endossé des responsabilités importantes très tôt et c’est sans doute ce départ musclé et imprévu dans le monde professionnel qui m’a en quelque sorte programmée pour toujours aller de l’avant sans me retourner. Je l’explique dans mon livre Pour la fin du sexisme, c’est le travail qui m’a construite, devenant naturellement une valeur centrale et fondamentale pour moi – un véritable repère.  

Il n’était pas écrit que je suive une carrière de dirigeante. J’ai atterri par hasard dans le secteur des Télécommunications. Le domaine de la Relation Client, en revanche, n’est pas le fruit du hasard, j’en suis convaincue. Ma sensibilité et l’importance d’humaniser avec sincérité chaque relation m’ont ouvert les portes d’une carrière qui était une évidence.  

Même si je conserve, encore aujourd’hui, dans un coin de ma tête – et de mon cœur – ce désir de me lancer dans un cursus au sein de l’Institut des hautes études de défense nationale, ou d’intégrer l’Ecole de guerre, ce rêve est toutefois derrière moi. 

Femme militaire ou dirigeante. Le fil conducteur entre mes rêves de petite fille et mon expérience en tant que leader est peut-être matérialisé par ce défi à relever vis-à-vis d’une culture qui enferme les femmes dans un schéma sans liberté ni perspective. Une ambition-challenge que j’ai relevée de manière inconsciente. Etre là où la culture patriarcale ne m’attend pas. Prendre la responsabilité d’ouvrir la voie à de nouvelles aspirations et offrir la liberté de s’affranchir des barrières liées aux origines sociales ou au genre.  

Question 2 : Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour en arriver là ? 

Je n’ai pas pu atteindre ce rêve de petite fille, et j’ai plongé dans le travail. En tant que femme, malgré cette boulimie de travail, je ne m’attendais pas à devoir autant surperformer et toujours avoir à prouver que je pouvais endosser une nouvelle responsabilité.  

Le rapport à la féminité et au corps tient une place importante dans l’entreprise, d’autant plus lorsque le milieu est culturellement masculin. J’ai donc dû m’imposer dans un univers techno masculin où j’étais considérée comme une collaboratrice corvéable à merci. J’ai, comme la plupart des femmes, été victime d’agissements sexistes, des plus sournois aux plus décomplexés. Des situations inexcusables et traumatisantes, mais dont je me suis servie comme d’un tremplin pour m’élever – un peu comme lorsqu’on accueille une émotion désagréable pour la transformer en énergie positive –, en tirer une force pour nourrir mes ambitions et mon épanouissement.  

Poussée à maintes reprises dans mes retranchements, j’ai accéléré mes apprentissages, aussi bien en termes de compétences que de compréhension de notre culture. Ce contexte m’a finalement incitée à m’affirmer et à me distinguer plus rapidement.  

Un autre obstacle, bien connu maintenant, s’est également mis en travers de ma route : le syndrome de l’imposteur. En tant qu’autodidacte, on m’a fait confiance dès le début de ma carrière. Mais au fur à mesure des années, des victoires et des expériences, j’ai ressenti ce besoin inexplicable de matérialiser une légitimité qu’on m’avait accordée de fait.  

Un sentiment d’imposture qui grandissait avec les responsabilités qu’on me donnait. En tant que femme, marquée par une éducation criblée d’injonctions à prouver notre valeur, j’ai peut-être souhaité inconsciemment anticiper des attaques futures. L’INSEAD, l’Institut multimédia, HEC, … j’ai décidé d’investir dans ma formation pour soigner un malaise tout droit sorti de ce que véhicule notre culture.  

Les études le prouvent : les femmes empruntent moins que les hommes, mais lorsqu’elles le font, elles investissent deux fois plus dans la formation. Je pense que se former reste une excellente manière de progresser et d’élargir notre champ des possibles, et chaque formation terminée ouvre la porte d’un nouveau domaine riche d’apprentissages...  

Question 3 : Quels conseils donneriez-vous à vos enfants pour accomplir ce rêve ? 

Le monde du travail est en mutation totale, l’avenir est à peine palpable. Ethicien en IA, psydesigner, egoteller, téléchirurgien… 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore. J’apprends à mes enfants à se connaître au mieux, et prendre le temps de s’écouter avant tout. J’évite au maximum ces injonctions qui ont tant gangréné les générations passées.  

La curiosité et l’esprit critique seront leurs meilleures armes pour se frayer un chemin vers ce qui me paraît essentiel : l’épanouissement et l’équilibre, en lien avec l’humain et dans le respect de l’environnement.  

Lorsqu’on se connaît parfaitement, il est plus aisé d’aller vers l’Autre et explorer sereinement les chemins personnel et professionnel qui nous attirent naturellement. Je prône l’ouverture d’esprit pour toujours évoluer dans le respect de soi et des autres. Et ainsi trouver l’équilibre qui nous ressemble et la route la plus alignée avec nos valeurs. 

Question 4 : Un autre conseil pour les jeunes filles qui hésitent à s'orienter dans une carrière scientifique ? 

Encore une fois, sans injonction aucune. Si l’univers des sciences les attire, je les invite simplement à s’informer. Intégrer des cercles de femmes pour échanger, s’enrichir de nouvelles rencontres, trouver des mentors, … Prendre le temps de la sororité, mais aussi de l’introspection, du ressenti. (Re)connaître ses forces, ses faiblesses, explorer ses valeurs, développer ses ambitions, découvrir ses modèles. Et avoir une bonne compréhension du contexte et de la situation des femmes qui évoluent dans des secteurs culturellement dominés par les hommes, afin de ne jamais subir mais plutôt faire figure d’exemple, se préparer à transmettre. Savoir qu’on représente un véritable atout. En intégrant un univers masculin, nous apportons une clé indispensable à toute organisation : la diversité nécessaire à la performance. D’après l’OCDE, les projets portés par des équipes mixtes ont un impact plus large et entraînent des gains économiques plus importants. Être préparée à être une actrice du changement et consciente du fait que le milieu des sciences et de la technologie est en train d’évoluer, de vivre une transition vers plus d’équilibre et de transparence.  

Les métiers scientifiques et technologiques sont en effet des métiers porteurs et rémunérateurs, et nous avons cruellement besoin de plus de femmes dans ce secteur car on ne peut continuer à développer des outils qui excluent la moitié de la planète.  

Il y a donc une impérieuse nécessité de faire évoluer notre culture pour ne plus exclure les femmes de ces carrières. Et les bénéfices sont multiples. Si la faible représentation des femmes dans ces métiers pénalise leurs chances de poursuivre une carrière professionnelle, elle affaiblit également la vitalité de l’économie française. En effet, ce déséquilibre représente un manque à gagner considérable en matière de croissance, d’innovation, de diversité de contenu, de créativité et d’attractivité du pays.  

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